Hygiène et asepsie les règles enfoncent le clou

Publié le 26 octobre 2023

Les obligations relatives à l’hygiène et l’asepsie ont été bouleversées par la pandémie de Covid-19. Cette crise sanitaire nous a révélé de précieuses informations sur la transmission des germes par voie aérienne. De cette avancée majeure, nous adaptons nos procédures au sein de nos cabinets dentaires. Le point avec Philippe Rocher, président de la Commission des dispositifs médicaux de l’ADF.

La réglementation en matière d’hygiène et d’asepsie a-t-elle été renforcée au cours des dernières années ?

Philippe Rocher :  La réglementation n'a pas connu de durcissement particulier car, en France, nos normes en matière d'hygiène et d'asepsie sont déjà très strictes par rapport à d'autres pays, notamment en ce qui concerne les procédures de stérilisation. Les exigences en matière d'entretien des locaux, de matériel et de retraitement des dispositifs médicaux sont plus élevées en France que dans d'autres pays. Les durcissements ont eu lieu en réponse à des crises externes, telles que la découverte du Sida, la crise de la vache folle et le scandale du sang contaminé. Ces évènements exogènes ont abouti à l’écriture des recommandations actuellement en vigueur. Plus récemment, la pandémie de Covid a entraîné des ajustements ponctuels de la réglementation qui sont devenues courantes dans de nombreux cabinets dentaires après la crise sanitaire, élevant ainsi les niveaux de préconisations.

Qu’a-t-on appris en matière d'hygiène et d'asepsie grâce à la pandémie de Covid-19 que nous ignorions auparavant ?

P.R. :  La pandémie de Covid-19 nous a permis d'approfondir notre compréhension de la transmission des agents pathogènes, notamment par le biais de micro-organismes qui se propagent par voie aérienne. Cela a conduit à l’introduction du port du masque FFP2 et de charlottes, ainsi qu'à l'acquisition de connaissances sur la nécessité de régulièrement renouveler l'air dans nos cabinets dentaires afin de prévenir toute contamination. 

Quelles mesures et évolutions en découlent ?

P.R. : La vigilance et le contrôle de la qualité de l’air ont bénéficié des connaissances acquises durant la période de la crise sanitaire du Covid. Il est désormais établi qu’une ventilation adéquate des espaces de travail et d’accueil du public, notamment l’ouverture des fenêtres réduit les risques de transmission des infections par voie aérienne. Cette modalité de transmission a également conduit à l'introduction de précautions complémentaires, notamment lorsqu'un patient présente une pathologie transmissible par des aérosols, telle que la tuberculose, la rougeole ou la varicelle. Afin de réduire la contagion par les aérosols, des mesures telles qu'un bain de bouche antiseptique à action potentiellement virucide avant un acte médical, ainsi que l'utilisation d'une digue, ont permis de considérablement diminuer la production d'aérosols contaminés par la salive et le sang (jusqu'à 70 % de réduction). Une révision des préconisations relatives à la gestion de l'environnement, notamment en ce qui concerne la qualité de l'air et de l'eau, dans le but de prévenir les Infections Associées aux Soins (IAS) est donc à prévoir pour 2024. De plus, une attention particulière est portée à l'amélioration de la qualité de l'eau, notamment dans les fauteuils dentaires équipés de canaux, où une contamination reste possible. La Commission des dispositifs médicaux de l'ADF travaille actuellement à la mise à jour d'un document de référence à cet égard.

En quoi ces améliorations bénéficient
aux praticiens ?

P.r. : La pandémie de Covid-19 a apporté des connaissances sur la transmission des germes pathogènes par voie aérienne qui nous ont permis de mieux s’en protéger, par le port du masque, d’une calotte mais surtout par l’aération des locaux et l’éventuelle mise en place d’un système de traitement de l’air dans les cabinets. Ces connaissances ont amélioré les conditions de travail pour la santé des équipes dentaires. Notre regard est également porté sur tout ce qui génère des particules fines, tels les instruments qui projettent de l’eau, de la salive ou du sang. La qualité de l’environnement de travail a donc évolué au bénéfice des membres de l’équipe et des patients en renforçant leur sécurité, mais également au bénéfice de la réputation professionnelle du praticien.

Quel est le meilleur moyen de se tenir informé de la règlementation et de ses évolutions ?

P.R. : La communication au sein de la profession s’effectue par le biais des congrès, de publications spécialisées, de la formation continue, des réseaux sociaux professionnels. Le chirurgien-dentiste est un éternel étudiant, il est tenu de rester informé et de satisfaire à des obligations de formation. Les documents de référence de l’ADF, avec leurs grilles techniques d’évaluation sous forme de questions/réponses, constituent une base solide sur laquelle s’appuyer au quotidien et en cas de nouvelles pandémies. Ces documents sont révisés pour adapter les mesures de prévention aux modes de transmission et à la situation épidémiologique.

Les fondamentaux de l’hygiène
et de l’asepsie au cabinet dentaire

Les normes et procédures garantissent un niveau élevé d'hygiène et d'asepsie dans le cabinet dentaire, contribuant ainsi à la sécurité des patients et du personnel médical.

Les précautions standards portent sur :

- L’hygiène des mains est essentielle pour réduire le risque de transmission croisée par manuportage de microorganismes. Effectuée par désinfection ou lavage, elle doit être effectuée avant un contact avec le patient ; avant un geste aseptique ; après un risque d’exposition à un produit biologique d’origine humaine ; après un contact avec le patient ; après un contact avec l’environnement du patient.  

- La tenue de travail (tunique, pantalon, chaussures) et les équipements de protection individuelle (gants, masques, protections oculaires, surblouses, tabliers, surchaussures, articles coiffants) doivent être entretenus et stockés selon des principes d’hygiène correspondants à leurs usages.

- L’hygiène respiratoire pour toute personne présentant des symptômes respiratoires, tel qu’un report du rendez-vous du patient malade, ou sinon le port d’un masque FFP2, l’aération et le bionettoyage des surfaces après la sortie d’un patient symptomatique.

La stérilisation est une étape essentielle de ce processus. L’autoclave joue un rôle central dans la chaîne de stérilisation. Il doit fonctionner selon des cycles de type B (charge poreuse) et être réglé de manière à obtenir une température de stérilisation de 134°C pendant une durée de 18 minutes (cycle prion). Seul ce mode de stérilisation est recommandé pour neutraliser l’infectiosité associée aux agents transmissibles non conventionnels (ATNC).  

L’autoclave doit également remplir les critères suivants : comporter un marquage CE selon la directive 93/42 CEE ; être conforme à la norme NF EN 13060 ; disposer d’un dispositif d’enregistrement des paramètres des cycles permettant la traçabilité de la stérilisation (type de cycle, date et heure de chaque cycle, nom du responsable) ; bénéficier d’une qualification opérationnelle sur site effectuée par le fournisseur ou une société spécialisée ; bénéficier d’un contrat de maintenance avec le fournisseur ou une société spécialisée. Le stérilisateur n'est toutefois pas le seul garant de la stérilisation. Un pré-traitement des dispositifs médicaux s’impose par un passage à l’ultra son en amont.

L’environnement
de soins

L’entretien optimal des surfaces et des locaux répond à des procédures pour réduire les risques infectieux encourus par les usagers et le personnel.  

La classification des locaux (du risque faible comme les zones de circulation, au risque très élevé en salle de chirurgie implantologie) permet de définir la fréquence d’entretien et le choix des méthodes, des produits et des équipements de protection à porter.  

À la suite de la pandémie liée au Covid-19, des appareils de désinfection des surfaces par voie aérienne (DSVA) sont apparus. Cette méthode de désinfection d’un local (matériel, mur, sol, plafond) par propulsion, dans l’air, d’un produit désinfectant peut être réalisée, à titre préventif, ou curatif à la suite d’une contamination. 

Documents
de référence

Pour tout savoir des normes et procédures, les grilles techniques d’évaluation pour la prévention des infections associées aux soins de l’ADF sont disponibles sur le site de l’Association dentaire française, rubrique publications.

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