À la rencontre de … Philippe denoyelle, président de la Commission Informatique et numérique
Publié le 11 octobre 2023.
Chirurgien-dentiste omnipraticien à Bergerac, Philippe Denoyelle est le président de la Commission informatique et numérique de l’ADF mandaté pour trois ans. De son ancrage syndical émerge une forte envie d’accompagner la profession vers les nouvelles technologies, tout en accordant une attention élevée aux impératifs de cybersécurité inhérents à cette transformation numérique. Zoom sur ses responsabilités et ses motivations.
Quels sont les thèmes de vos travaux pour les trois années de votre mandat ?
La Commission se concentre sur l'adaptation de notre profession au contexte contemporain, marqué par l'émergence de problématiques inédites auxquelles nous n'étions pas traditionnellement confrontés. L'intégration des nouvelles technologies numériques se présente comme un atout majeur dans des domaines tels que la prise d'empreinte et la radiologie, mais induit également des ajustements dans l’organisation de notre cabinet.
De plus, cette transition entraîne une augmentation des risques auxquels nous pourrions être exposés, en particulier le piratage de nos données médicales. La Commission s'intéresse également à la télémédecine et à la e-santé, domaines où la transition numérique transforme progressivement la prise en charge médicale et la dynamique de la relation patient-médecin, avec le risque connexe de la cybercriminalité. En outre, il convient de souligner l'enjeu crucial de la e-réputation, un aspect que nous n'avions pas l'habitude de gérer professionnellement.
Quelles sont vos priorités ?
Tout d'abord, l'accent est mis sur l'intégration des nouvelles technologies dans la pratique dentaire, notamment en ce qui concerne des aspects tels que la prise d'empreinte. Ensuite, la télémédecine occupe une place centrale, englobant des éléments tels que l'agenda électronique. Enfin, une attention particulière sera accordée aux risques inhérents à l'utilisation du numérique et aux mesures de protection contre les cyberattaques, allant de la prise de rendez-vous jusqu'à l'évaluation du praticien par le patient. L’objectif est de fournir aux praticiens différentes fiches de synthèse, mises en forme par l’ADF, sur les avantages et les limites de l’intelligence artificielle, la dématérialisation des outils (e-carte vitale et CPS), les assurances liées à la cybersécurité, la protection et les recours sur sa e-réputation ou encore les obligations attachées à l’utilisation de MonEspaceSanté.
Comment se sont répartis les rôles entre les différents membres de votre équipe dans cette Commission ?
Les dix membres de la Commission ont organisé leur répartition des taches en fonction des préférences individuelles pour les thèmes sélectionnés. En raison de la diversité des profils des membres, allant du praticien chevronné à l'étudiant, les centres d'intérêt et les connaissances diffèrent, tout en se complétant harmonieusement. Cette dynamique a donné naissance à six groupes distincts, chacun se concentrant sur des domaines spécifiques. Le premier groupe se penche sur le tiers payant complémentaire et le "100% santé". Le deuxième groupe s'attèle à la question de l'intelligence artificielle, abordant à la fois des aspects techniques tels que le choix des logiciels, et des enjeux juridiques visant à protéger le praticien quant à l'utilisation ou la non-utilisation de cet outil dans ses diagnostics. Le troisième groupe se consacre à l'élaboration de conseils pour la prise de rendez-vous en ligne. Il se penche également sur le référencement internet du praticien ou de son cabinet, ainsi que sur la gestion de sa e-réputation. Le quatrième groupe s'emploie à identifier et analyser les logiciels de télémédecine, en évaluant leur fonctionnement et en définissant leur cadre d'utilisation dans le respect des réglementations en vigueur. Le cinquième groupe œuvre à éclairer les praticiens sur la dématérialisation des outils, tels que le dossier médical partagé (DMP), en mettant en avant les avantages et les inconvénients associés à cette dématérialisation. Enfin, le sixième groupe réalise une évaluation approfondie des assurances disponibles pour préserver les praticiens contre les atteintes à leur e-réputation ainsi que les cyberattaques.
Qu’est-ce qui vous motive à prendre sur votre temps de praticien pour vous engager au service de la profession ?
Depuis la fin de mes études, j’ai souhaité m’impliquer dans la vie professionnelle, d’abord à l’UFSBD, puis à l’UD. Cet engagement constitue le meilleur moyen pour moi d’exprimer et de concrétiser les enjeux qui me semblent primordiaux, que ce soit en matière de formation des étudiants, ou de l’évolution de notre quotidien professionnel. Assumer la présidence de la Commission informatique et numérique de l’ADF me permet de poursuivre mon investissement auprès de mes consœurs et confrères, avec pour objectif essentiel d’ancrer notre profession dans son époque et lui permettre d’évoluer au rythme des progrès technologiques. Cette fonction revêt également une importance personnelle, offrant une pause dans ma pratique professionnelle quotidienne, en quittant ponctuellement ma région pour rejoindre des confrères à Paris. Cette démarche, empreinte d'un esprit de collaboration visant à réduire les distances entre les différentes régions, me permet de gommer les limites géographiques et d’éviter une pratique professionnelle qui pourrait sembler isolée du reste du monde. Le travail collectif et les rencontres offrent l'occasion de rester informé des évolutions au sein de notre profession, des normes en vigueur, et de contribuer aux débats nationaux.