Vers la réduction de l'empreinte carbone du cabinet dentaire

Publié le 28 août 2023

Pour réduire son impact sur l'environnement, il faut pouvoir comprendre ce qui est constitutif de l'empreinte carbone du cabinet dentaire et identifier des solutions. Aujourd'hui les données sont connues, reste à se donner les moyens d'agir.

Le secteur de la santé, un poids lourd des émissions de gaz à effet de serre

Le secteur de la santé génère en France en moyenne 49 millions de tonnes de CO2*, soit près de 8% des émissions de gaz à effet de serre du pays. C’est 3 millions de tonnes de plus qu’en 2021, lors du précédent rapport du Shift Project** publié dans le cadre du Plan de Transformation de l’Économie française lancé en 2020. Le Shift s’est donné pour mission de suivre l’impact du système de santé sur le changement climatique. Ce secteur qui compte 2,5 millions d’actifs, dont 44 600 chirurgiens-dentistes, apporte des services, mobilise des transports, produit des déchets, chauffe et refroidit des locaux, consomme des biens et des aliments. Il a donc de fait un rôle dans l'altération du climat et de la biodiversité.

Quelle est l'empreinte écologique du cabinet dentaire ?

Pour comprendre l’empreinte écologique commençons par la définir. L’empreinte écologique permet de révéler l’impact des activités humaines sur l’environnement. Pour cela, elle évalue l’impact du début de la chaîne pour produire les ressources naturelles consommées, jusqu’à la fin pour absorber les déchets générés. Elle est composée de l’empreinte carbone qui représente à elle seule la moitié de l’empreinte écologique d’un individu. L’empreinte carbone se définit par la quantité de gaz carbonique/dioxyde de carbone (CO2) émise par une personne, un produit ou une entreprise. Dans le secteur de la santé, les cabinets dentaires contribuent de façon importante à l’empreinte écologique de la société. Une seule étude a été menée à ce jour pour évaluer le bilan carbone d’un cabinet dentaire. Dirigée par le Dr Justin Oosthoek, chirurgien-dentiste, en collaboration avec l’association Apesa, elle s’est déroulée en 2021, à Montpellier, dans un cabinet d’orthodontie composé d’une équipe de quatre personnes. Il est à noter que, pour chaque cabinet dentaire, le résultat sera différent en fonction de sa localisation, des caractéristiques du bâtiment, du matériel, etc. Dans un cabinet en plein de coeur de Paris, par exemple, la part du transport des utilisateurs sera moins importante que dans un cabinet installé en milieu rural ou mal isolé et chauffé au gaz, a fortiori dans une région aux hivers rigoureux, les émissions liées au chauffage seront particulièrement élevées.

Les sources d’émission de CO2 du cabinet dentaire

En France, la principale cause d’émission de gaz à effet de serre du cabinet dentaire provient du transport des personnes usagers du cabinet dentaire, qu’il s’agisse de l’équipe dentaire, des patients, ou des différents prestataires. Le deuxième poste le plus émissif provient des achats de matériels, de biens et de services. Le troisième poste provient de l'achat des consommables et de la consommation d’énergie nécessaire au fonctionnement de la structure de soin (chauffage, eau chaude, réfrigération...). Suivent les émissions provenant de l’usage du numérique, du traitement des déchets et de la consommation d’eau. Les données sont extraites de la présentation du 
Dr Justin Oosthoek diffusée au Congrès de l’ADF 2021. 
Les résultats du Dr Oosthoek paraîtront en septembre 2023 dans un ouvrage dédié, aux éditions CdP. 
Le National Health Service (NHS) corrobore ces résultats.

La face cachée du numérique

E-mails, stockage de données informatiques, de photos et de radiologie… le numérique a un poids non négligeable dans le bilan carbone compte-tenu des impacts cachés des infrastructures (réseaux, data-centers...). Le digital est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit plus que le trafic aérien.

Un bilan carbone réel ?

Le bilan carbone réel du cabinet dentaire est difficile à établir. Pour le mesurer il faut pouvoir évaluer l’impact environnemental de chaque action, de chaque produit et sa durée de « vie » depuis son origine (extraction des matières premières pour le produit), sa fabrication, son transport, sa mise en oeuvre, son usage et jusqu’à sa fin de vie. Toutes ces étapes sont génératrices de déchets et de pollution. D’autant plus que l'empreinte carbone d'un cabinet dentaire peut varier énormément en fonction de plusieurs facteurs (taille du cabinet, nombre de patients, type d'équipements utilisés, type de produits consommables utilisés, consommation d'énergie, gestion des déchets, etc.). Il n'existe donc aucun chiffre global pour dresser l'empreinte carbone du cabinet dentaire.

Par ailleurs, « le carbone n’est qu’un indicateur, précise 
le Dr Justin Oosthoek. Il ne dit rien de la pollution des eaux par les composites meulés, ni les métaux dans les objets numériques utilisés au cabinet qui sont des données complexes à isoler. Le bilan carbone du matériel spécifique comme les blouses est quant à lui approximatif, évalué à partir du ratio poids / matière et au prorata de sa durée de vie. Il sera encore moins précis si le matériel est composé de plusieurs matières. Idem pour la radio panoramique, le bilan est imprécis faute de connaitre tous ses composants » explique le chirurgien-dentiste qui poursuit son étude.

Le bilan carbone 
n'est pas une fin en soi

Faire son bilan carbone n’est pas une fin en soi. Mais il est nécessaire pour parvenir à établir un diagnostic suffisamment précis qui sert à identifier les secteurs contribuant majoritairement à l’empreinte carbone dans son système de santé : transport de personnes, achats, bâtiment. Avec ces informations, il devient possible de diriger ses efforts vers ces secteurs en mettant en place un plan d’action efficace. En adoptant des pratiques durables, en utilisant des équipements éco-énergétiques, en réduisant la consommation de produits consommables, en recyclant les déchets, etc., les cabinets dentaires peuvent réduire leur empreinte carbone significativement et contribuer à la préservation de l'environnement.

* Le CO2e est une mesure quantitative qui utilise le dioxyde de carbone comme référence. 
Elle a été créée par le GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) afin d’évaluer l’impact des gaz à effet de serre.
**Décarboner la santé, Rapport du Shift Project, 2023 : https://theshiftproject.org/article/decarboner-sante-rapport-2023/
L’empreinte climatique du secteur de la santé, Health Care Without Harm, 2019 : https://healthcareclimateaction.org/sites/default/files/2021-11/French_HealthCaresClimateFootprint_091619_web.pdf

Ce site utilise des cookies pour vous offrir une expérience utilisateur de qualité et mesurer l’audience. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies dans les conditions prévues par notre charte de confidentialité.
En savoir plus

Accepter Refuser